les poemes

Ainsi soit-il

Quand le monde te pèse et que tout semble infâme,
Que tu ne ressens plus Dieu traverser ton âme,
Tu prononces des mots tranchant comme l'acier
Vouant aux gémonies tout l'univers entier.
Mais si l'homme n'a plus au fond de lui la flamme
Qui change un caillou vil en précieux diamant,
S'il ne s'enivre plus quand revient le printemps
Voyant s'épanouir la rose et le dictame,
S'il n'ouvre plus son cœur a toutes les détresses,
Son cœur au besoin chaud d'aimer et secourir,
S'il parcoure des yeux au regard sans désir,
Sans le balbutiement d'un seul mot de tendresse,
Tous les champs de blé mur ou chantent les cigales,
Alors l'univers fou en sa gerbe de feux,
L'oiselet égare dans les vents furieux
Et le déchainement de la faune animale
Disparaitront soudain au sein de la tempête,
Mais si le monde entier s'effondre sans retour,
C'est qu'il ne reste plus sur terre un poète
Pour se griser de vie et se gorger d'amour.